Je suis Docteur Edwige Adékambi Domingo, représentante résidente du Fonds des Nations Unis pour la Population au Tchad.

Sur les défis qui restent à relever pour que le PO soit un succès après 2020

La fécondité est très élevée en Afrique mais ce n’est pas l’Afrique qui fait les enfants. Ce sont les hommes et les femmes qui font les enfants. Et c’est sur ces hommes et femmes qui font les enfants que nous agissons pour qu’ils comprennent que leurs responsabilités quand ils font un enfant, c’est de les aider à grandir. Leurs responsabilités consistent également à tracer la trajectoire du développement avec eux et non celle du sous-développement qui nous met dans le cercle vicieux de la pauvreté. Ce point de vue est déjà compris au niveau des communautés, et je pense personnellement qu’il serait bien qu’en 2020 la réflexion soit approfondie en ce qui concerne l’Afrique centrale où il y a une grande opportunité. Dans le même temps, il serait également bien qu’on réfléchisse aux innovations que nous allons apporter pour toucher les jeunes.

Au Burkina-Faso, avec l’équipe de l’UNFPA du Burkina-Faso, nous avons créé la plateforme QG Jeunes. Je ne sais si vous connaissez cette plateforme. C’est une plateforme interactive qui permet de toucher tous les jeunes, mêmes ceux qui n’ont pas eu le privilège d’aller à l’école. Ce n’est donc pas une plateforme seulement pour ceux et celles qui ont été à l’école. Nous continuons la même chose en intégrant la technologie dans l’accès à l’information mais en même temps en aidant les jeunes à se donner la voix pour pouvoir définir eux-mêmes leurs besoins, exiger la satisfaction de leurs besoins et participer à la satisfaction de leurs besoins. C’est un axe qui a commencé déjà avec la révolution contraceptive que nous avons célébrée pendant plusieurs années avec le partenariat de Ouagadougou et les jeunes. Mais il faudra travailler davantage pour inciter la jeunesse africaine à se mobiliser pour le développement durable qui passe en fait par la capture du dividende démographique. 

Le dernier aspect sur lequel il est important de travailler, c’est la question de paix et de sécurité. La plupart des pays du partenariat de Ouagadougou et des pays de l’Afrique centrale vivent des questions d’insécurité qui fragilisent le financement de la planification familiale. Plus de 30% des dépenses du pays sont orientées vers la sécurité et réduisent les dépenses de développement.

Quand vous parcourez les pays, vous vous rendez compte que la raison fondamentale de la vulnérabilité des adolescents, des jeunes à la radicalisation, c’est l’absence de développement. Les zones où on a beaucoup d’insécurité et où les jeunes sont facilement attirés vers les structures qui fragilisent la sécurité sont des zones où on n’a pas d’hôpitaux, on n’a pas de centres de santé, on n’a pas d’écoles, on n’a pas d’infrastructures de développement. Il faudra réfléchir à comment renverser la tendance en intégrant une dimension plus élevée par rapport au développement que par rapport à l’armement qui vise à sécuriser le pays ou les frontières. On a beaucoup plus besoin de développement, et le partenariat de Ouagadougou qui participe vraiment à cette question de développement durable devrait également réfléchir sur ce volet. 

Interview réalisée par EtriLabs