Je suis Fatimata Sy. J’ai été Directrice de l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou pendant 6 ans.

Sur les grandes réalisations du PO à célébrer

La communauté du PO devrait être très fière de célébrer beaucoup de succès. Je partirai de celui d’avoir lancé un mouvement autour de la planification familiale, d’y avoir engagé beaucoup de parties prenantes et d’avoir su maintenir un momentum dans ce mouvement depuis 2011 jusqu’à nos jours. Ça, c’est un exploit.

On a vu souvent des mouvements se créer et s’essouffler. Mais ce mouvement du PO ne fait que s’amplifier. A la première phase du partenariat intitulée « Urgence d’agir » (2011 et 2015), nous avions comme objectif de mettre 1 000 000 de femmes additionnelles sous les méthodes contraceptives. A la fin de cette période, nous avons largement dépassé cet objectif puisque nous avions atteint plus de 1 300 000 femmes additionnelles.

Depuis son lancement à aujourd’hui, nous avons vu chacun des 09 pays membres faire des progrès substantiels, des progrès importants. Chacun des pays a pratiquement sinon plus que doublé son taux de prévalence pendant ces 7 dernières années.

Sur le rôle et le fonctionnement de l’UCPO après 2020

Ce qui a été important et qui a contribué au maintien de ce mouvement, c’est d’avoir mis en place une unité de coordination qui gère ce partenariat au jour le jour. Il faut absolument laisser les 3 fonctions clés de l’UCPO et peut-être les renforcer. Il ne faut pas trop donner des prérogatives à l’UCPO qui risquent de changer son mécanisme de fonctionnement.

Sur les défis qui restent à relever pour que le PO soit un succès après 2020

On a une vision qui est partagée par les neuf pays, un objectif commun aux neuf pays. Chacun d’entre eux doit déterminer quelle sera sa contribution dans l’atteinte de ces objectifs. De manière transparente, chaque pays est redevable envers les 8 autres. Pour toutes ces raisons, nous pouvons dire que le PO a enregistré de grands succès et de grandes avancées.

Nous avons vu des pays progresser une année et régresser l’année suivante. Les ingrédients sont là. Nous savons ce qu’il faut faire, comment le faire et où le faire, mais souvent dans la mise en œuvre, il peut y avoir des problèmes.

Il faut se dire que c’est peut-être la partie la plus facile que nous avons abordée ces dernières années. Donc, nous allons amorcer la phase la plus difficile et la communauté du PO a compris cela. Cela signifie qu’il faut absolument que nous travaillons maintenant sur la création de la demande, c’est à dire qu’il faut secouer les normes sociales.

Nous avons des défis au niveau programmatique, des défis au niveau politique mais nous avons aussi des défis d’ordre financier. La communauté internationale contribue beaucoup. Nous avons enclenché tout un processus de plaidoyer pour la mobilisation de ressources domestiques. Il faudra continuer à le faire. Dans chacun de nos pays, nous affirmons que la PF est une priorité, mais nous ne pas finançons pas cette priorité et la laissons être tributaire du financement extérieur pour l’essentiel. Ce sont là des réflexions qu’il faudra mener pour l’intensification des ressources aussi bien internes qu’externes.

L’autre défi, c’est de maintenir le momentum. Il ne faut pas que ce mouvement s’essouffle. Nous sommes à la croisée des chemins, en train de parler de l’après 2020, mais il ne faut qu’il y ait une fissure dans ce partenariat. Cela pourrait fragiliser encore davantage les engagements qui ont été pris. Tout cela doit faire l’objet de réflexion pour voir comment aborder ces questions en toute confiance et commencer l’après 2020 avec beaucoup plus de maitrise des orientations stratégiques dans lesquelles on souhaiterait que le partenariat s’engage.

Interview réalisée par EtriLabs